Le regard d’Alexandre FOURNET sur le festival, observateur et chroniqueur fidèle depuis 2018
Jazz. Ces quatre lettres résonnent en chacun de nous différemment. Le jazz prend la forme que l’on veut bien lui donner dans notre imaginaire. Il est le mot sale que les blancs ont trouvé pour parler de la musique noire-américaine. Il est une musique de sauvages sur laquelle le diable nous invite à danser. Il est la musique privilégiée d’un troisième âge qui n’aurait pas remarqué que nous sommes passés dans un autre millénaire. Il est particulièrement adapté à l’ambiance pesante d’un ascenseur. Il raconte l’histoire d’une ségrégation, de massacres. Il rappelle la fange dans laquelle l’Homme sait parfois si bien se complaire. Il est particulièrement recommandé à très bas volume, comme fond musical à n’importe quelle soirée. Il est salvateur, dangereux. Il est révolutionnaire, anti-raciste, bruyant, sexiste. Il est dépassé, avant-gardiste. Il sonne faux, il est fou, il dérange, il arrange. Il a des racines, il est déraciné, il emprunte, on l’emprunte. Il vole. On le vole. Il est sacré, immuable, intouchable, en perpétuel mouvement, en mouvements perpétuels. Il est mort, il vient de naître. Il n’a aucune forme, il prend toutes les formes. Il est un peu de tout cela, et il n’est rien de tout cela. Le jazz sera toujours ce que vous voulez qu’il soit.
Alors un festival de jazz, c’est quoi? Un festival de ce que l’on veut qu’il soit? Parfaitement. Les Black Eyed Peas sont programmés dans des festivals de jazz. Insensé ? Stupide ? Capitaliste ? Le jazz est ce que l’on veut qu’il soit, un festival de jazz est ce que l’on veut qu’il soit. Il est ce que les organisateurs veulent qu’il soit, ce que les spectateurs veulent qu’il soit, ce que les observateurs veulent qu’il soit. Éclats d’Email Jazz Edition est donc un festival de jazz. Libre à vous de décider ce que ces quatre lettres désignent ou ne désignent pas. Libre à vous de les faire vôtres, de vous les approprier, de leur offrir un nouveau sens ou de leur en ôter pendant l’ensemble du festival. Ce que l’on nous propose ici, c’est d’apprendre, de découvrir, quoi que l’on croit savoir ou ne pas savoir sur cette musique et ce qu’elle représente. Bien sûr, j’ai ma propre idée du jazz, ma propre conception utopiste de ce que je considère être une épopée libératrice et joyeuse, une lumière généreuse qui ne demande qu’à être partagée et propagée. Mais les élucubrations fascinées d’un adorateur conquis n’ont alors qu’une valeur proportionnelle au crédit que l’on accorde au dit adorateur. Écartons donc cela aujourd’hui pour mieux s’en saisir à point nommé.
Cette édition sera très probablement faite de découvertes, de déceptions, de confirmations, sera peut-être le début d’une histoire d’amour ou la fin d’un cycle de désintérêt. Personne ne le sait. Ni moi, ni vous, ni les artistes qui se produiront tout au long du festival. Ce que je sais, c’est que ces artistes ont été sélectionnés par deux personnes qui savent parfaitement où elles vont et ce qu’elles veulent insuffler dans cet événement, et que ces artistes auront le meilleur cadre possible pour s’exprimer et vous faire entendre leur définition du jazz, de leur jazz. Le reste dépendra entièrement et complètement de vous et de ce que vous souhaitez et êtes prêts à recevoir.
Jazz. Derrière ces quatre lettres se cache un océan d’Histoire de la musique, d’histoires fantasmées, d’histoires arrivées, d’histoires sombres, d’histoires lumineuses, d’histoires de haines, d’histoires d’amour. Oubliez ce que vous savez, acceptez de ne pas savoir, laissez vous guider. C’est là que la magie commence.
Les chroniques d’Éclats d’Émail Jazz Édition 2023
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