Autour de 7h, on m’donne parfois rencard
Pour des mélodies, accords et regards
Mon esprit s’égare, bien sûr
Le violon, m’emporte à l’aventure
Caroline déploie son art, avec alacrité
Ses notes dansent dans l’air, dans l’IF animé
Je sens mon âme s’apaiser
Chaque note, m’enivre, envoûté
Je n’attends, que le son du violon
Ressentir, en moi de grands frissons
Je ne m’inquiète pas, béat
Après tout, Bugala est là
Sa composition autour du vaudou est un petit trésor d’ingéniosité. Rendre compte aussi justement d’une atmosphère et d’une ambiance, c’est un don précieux. La journée commence tôt, mais elle commence bien, très bien.
Après l’envoûtement de grand matin, place à la facétie d’Etienne Manchon et de son trio, qui nous accueille à la bibliothèque centrale de Limoges d’un sourire espiègle. L’an dernier, lors du concert de Sébastien Farge pour lequel il avait remplacé Amaury Faye au pied levé, j’avais adoré son jeu et le jeu qui semblait l’animer. J’étais donc avide de l’entendre jouer ses propres compositions. Ô joie, Théo Moutou est typiquement le genre de batteurs que j’adore, au jeu rapide et tellement délicat, et c’est exactement ce qu’il faut à la musique ludique d’Étienne Manchon. Jouer avec le rythme est tellement plus facile avec un batteur de cette qualité. La musique polissonne du pianiste m’offre un moment bien décalé par rapport à mes habitudes de concert, pour mon plus grand bonheur.
Après avoir fait un tour du côté de l’exposition consacrée à la BD et au jazz – en ayant bien remarqué, pour mon plus grand plaisir, la présence de Blue Giant- je prends un peu de repos avant le concert du soir.
An Indian’s life est, à en croire le communiqué de presse, la dernière œuvre d’une trilogie consacrée à la cause amérindienne. Mais, je n’ai délibérément pas écouté les deux albums précédents de cette trilogie pour avoir l’oreille la plus fraîche possible en abordant le concert
d’Henri Texier. J’aurais tout le loisir de les découvrir après. Pour l’heure, je découvre une musique qui me replonge dans la littérature classique américaine. Je pense immédiatement à Faulkner, à son souffle, à la fureur de vivre de ses personnages. As I Lay Dying et The Sound and the Fury offrent des narrations à travers plusieurs voix, parfois disjointes, incompréhensibles. Chacune de ces voix est un éclat d’une plus grande histoire, mais seules, elles ne permettent pas d’en saisir la totalité. Les voix des instrumentistes de la formation d’Henri Texier fonctionnent de la même façon, et c’est dans l’harmonie que se dévoile le récit. A cet égard, Himiko Paganotti utilise sa voix de la même façon que Sylvain Rifflet utilise son saxophone, comme un instrument au service d’une mélodie et d’une harmonie. L’instrumentiste de la voix module avec brio pour une proposition unique et délicieuse.
Faulkner ou Texier, les deux ont plongé dans l’âme humaine pour explorer ses tourments. Et moi, j’adore que l’on vienne trifouiller en moi
Par Alexandre Fournet
Crédit photo : Didier Radiguet