Comment ne pas sourire, rire, chanter, danser? Ce soir, il était bien difficile de résister à la tempête Ludovic Louis. Drôle, généreux et enthousiaste, il vient chercher le public très tôt pour créer un espace commun, un moment commun avec lui. Nous sommes invités et partie prenante de la grande fête qu’il a organisée pour nous avec ses quatre compères. L’objectif ? Retourner Limoges.
Le centre culturel Jean Gagnant se mue très rapidement en ce lieu de fête. La salle aux confortables fauteuils crée forcément une barrière de convention entre l’artiste et son public, mais le groupe s’emploie ardemment à la briser. En d’autres circonstances, j’imagine facilement un joyeux bordel dans lequel tout le monde finit par venir danser sur scène pour communier, bambocher.
Mais pour que cette fête soit réussie, on ne peut pas se contenter simplement de l’envie des hôtes de créer ce moment. Il faut que la bande son soit à la hauteur. Ça tombe bien, les compositions du trompettiste sont parfaites pour ça. J’ai comme une très agréable sensation de déjà vu. La musique de Ludovic Louis me semble familière, alors même que je la découvre pour la première fois. Le travail d’écriture permet d’offrir une musique à la fois de premier ordre et accessible, ce qui nourrit parfaitement le feu que les cinq hôtes ont lancé dans la salle.
Et ainsi, tout au long de la soirée, les petites bombes jazz funk s’enchaînent, et la température grimpe de plus en plus. Le maître de cérémonie harangue, joue, mais n’en oublie pas pour autant ses cuivres. Qu’il soit au bugle ou à la trompette, il apporte son son aux réjouissances. Et c’est bien grâce à cela que l’on passe de l’attroupement sympathique à la communion fiévreuse. La capacité du trompettiste à aller chercher ses complices, à leur donner ce supplément d’âme, à se lier à eux semble instinctive, et ajoute encore à
l’atmosphère joviale.
Pour ne pas exploser au milieu de la soirée, de multiples morceaux au tempo plus lent viennent émailler le bal. Ils sont le contrepoint parfait, la respiration nécessaire à la prolongation des festivités. Tout ce que le groupe entreprend fonctionne parfaitement, à chaque fois, sans même que les quelques imprécisions aient le temps d’être considérées comme telles.
Je suis d’ordinaire plutôt adepte de la mouvance songeuse ou furieuse de la musique. Mais quand elle est festive et d’une telle qualité musicale et humaine, qu’est-ce que c’est bon.
Par Alexandre Fournet
Crédit photo : Didier Radiguet